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LES OCEANS
1. L'HYDROSPHERE
La majeure partie de l'eau à
la surface de la terre est contenue dans les océans. On estime
que ces derniers en possèdent près de 70 % . Le reste
est contenu dans la croûte (près de 30 %), à
l'état libre ou combiné aux silicates, et trés
accessoirement dans les glaces, les nappes aquifères, les
rivières et les lacs, les organismes et l'air. L'ensemble de
l'eau disponible à la surface du globe forme l'hydrosphère.
Si cette eau était uniformément répartie à
la surface du géoïde, elle contituerait une couche de 2,7
km d'épaisseur environ.
La profondeur moyenne des
océans est de 3800 m. La surface totale couverte par les
océans est de 71 % du globe. La part des océans par
rapport aux continents est plus développée dans
l'hémisphère sud.
réservoir |
volume (km3) |
atmosphère |
< 2.104 |
organismes |
1,6 . 105 |
rivières et lacs |
5,1 . 105 |
sol et sous-sol |
5,1 . 106 |
glace |
2,3 . 107 |
écorce terrestre (eau libre et liée) |
6 . 108 |
océans |
1,37 . 109 |
Figure 1: répartition de l'eau dans le globe (d'après DEGENS, 1989)
2. CARACTERES PHYSIQUES ET CHIMIQUES DE L'EAU
DE MER
Les océans de la planète
communiquent et la composition de leur eau est chimiquement assez
uniforme: on peut parler d'un seul océan mondial.
ion |
gramme par litre |
|
Sodium |
Na+ |
10,56 |
Magnésium |
Mg2+ |
1,27 |
Calcium |
Ca2+ |
0,40 |
Potassium |
K+ |
0,38 |
Strontium |
Sr2+ |
0,013 |
Chlorure |
Cl- |
18,98 |
Sulfate |
SO42- |
2,65 |
Bicarbonate |
HCO3- |
0,14 |
Bromure |
Br- |
0,065 |
Fluorure |
F- |
0,001 |
acide borique |
H3B03 |
0,026 |
Figure 2: principaux contituants de l'eau de mer (d'après DEGENS, 1989).
La teneur moyenne en sels est de 35 g/l. La quantité
totale de sels contenus dans les océans est évaluée
à 5 1016 tonnes. Ce sont en majorité des
chlorures, sulfates et carbonates de Na, Mg, Ca, K.
Le
mélange de ces électrolytes forme une solution tampon,
ce qui explique que le pH de l'eau de mer soit constant et légèrement
basique (pH = 8,2). Le CO2 peut être
ainsi absorbé, fixé à l'état de carbonate
ou dégagé sans modification notable de pH. Le pH est
déterminé par l'équilibre carbonates
(CO3--)-bicarbonates (HCO3-) et probablement
aussi par l'action des silicates d'alumine: les acides volatiles
dégagés par la croûte et le manteau seraient
neutralisés par les bases produites par l'altération
des roches magmatiques. Néanmoins certains auteurs admettent
que l'augmentation récente du taux de CO2 dans l'atmosphère,
conséquence des activités humaines, se traduira par une
plus grande dissolution de ce gaz dans l'eau des océans et
corrélativement par une baisse du pH.
L'origine des
sels de l'eau de mer est à rechercher dans l'altération
des roches de la croûte et les venues du manteau. Les eaux
douces apportent une grande quantité de sels provenant de
l'altération des roches du continent. Le long des rifts
médio-océaniques se trouvent des émanations
hydrothermales chargées de gaz et d'ions métalliques
tandis que l'eau de mer circule et interagit avec les basaltes de la
croûte océanique pour en extraire des electrolytes.
La
teneur en gaz dissous, en particulier celle de l'oxygène,
dépend du contact avec l'atmosphère, de la température
de l'eau et de l'activité biologique (plancton).
Figure 3: variation de la teneur en oxygène de l'eau de mer en fonction de la profondeur.
La salinité de l'eau est modifiée par les apports d'eau douce continentale et l'évaporation. Les eaux des mers communicant par des détroits avec l'océan montrent d'importantes variations de salinité: la Mer Noire est sous-salée du fait du fort apports d'eau douce des fleuves russes, la Méditerranée est sursalée (38 %) à cause de la forte évaporation: ses eaux plus denses se déversent au fond de l'Atlantique à travers le détroit de Gibraltar. Les variations superficielles de la salinité, fonction de la zone climatique, se stabilisent en profondeur.
Figure 4 : déversement de l'eau salée
de la Méditerranée dans l'Atlantique; salinité
des eaux de surface.
Figure 5 :déversement de l'eau salée de la
Méditerranée dans l'Atlantique; profil au niveau du
Détroit de Gibraltar (adaptée de KNAUSS, 1997).
Figure 6: profil dans le Détroit du Bosphore; les eaux
sous-salée de la Mer Noire surmontent celles plus salée
de la Mer de Marmara en connexion avec la Méditerranée
(adaptée de KNAUSS, 1997).
Figure 7: évolution de la salinité de l'eau de
mer en fonction de la profondeur dans l'Océan Atlantique
(région intertropicale).
La température des eaux de surface varie en fonction des saisons, des zones climatiques et des courants. L'eau froide plus dense s'accumule en profondeur. A partir de -2 °C l'eau de mer superficielle gèle et forme une banquise: l'eau sous-jacente devient plus salée et s'enfonce. Il s'établit une limite de salinité ou halocline à une centaine de mètres de profondeur. L'eau moins salée et froide reste en surface . La température de l'eau des grands fonds océaniques est voisine de 2 °C dans l'Atlantique Nord; elle augmente légèrement dans les grandes profondeurs (hydrothermalisme). D'une façon générale, la température des eaux superficielles des océans varient moins vite que celle des continents: la masse océanique joue un rôle régulateur dans les climats.
Figure 8: Variation de la température,
de la salinité et de la densité des eaux marines dans
la région polaire.
Figure 9: variation de la température, la salinité
et la densité des eaux océaniques de surface en
fonction de la latitude.
3. LES MOUVEMENTS OSCILLATOIRES
3.1 La houle
La houle est un mouvement oscillatoire des couches superficielles d'un corps d'eau provoqué par le frottement du vent sur la surface. La houle est d'autant plus forte que le vent est plus fort et frotte sur une plus grande distance (le « fetch »). Selon la théorie de Airy, les particules décrivent des orbites circulaires qui diminuent de taille avec la profondeur; il n'y a pas de transfert horizontal de matière. Lorsque la profondeur diminue, les orbitales s'écrasent en ellipses puis, du fait du frottement sur le fond, la vague déferle sur la plage: l'eau est animée d'un mouvement de va et vient.
Figure 10: trajectoire des particules selon la théorie
de Airy.
Figure 10b: modification de la forme des orbitales en zone peu profonde.
En réalité, en plus de l'oscillation, le
frottement du vent entraîne la couche d'eau superficielle et
crée des courants de surface qui suivent le trajet des vents
dominants.
La période des vagues va de la seconde à
trente secondes. Leur longueur d'onde est proportionnelle au carré
de la période, de 1 m à plus d'1 km. Leur hauteur peut
atteindre 30 m en Mer du Nord notamment: elles sont générées
par un vent fort (30 m/s) soufflant pendant plus de 6 heures; leur
période est de 15 secondes pour une longueur d'onde de 350 m
et une vitesse d'une centaine de km/h. Les vagues de grande longueur
d'onde peuvent traverser l'Atlantique.
Figure 11 : relation existant entre la vitesse de propagation
et la longueur d'onde d'une vague. Les vagues de faible longueur
d'onde sont des vagues de tension superficielle ou vagues capillaires
qui disparaissent lorsque la tension superficielle diminue: un film
d'huile rend la mer lisse ("mer d'huile").
Les fronts d'onde produisent par réflexion une dérive
littorales lorsqu'ils sont obliques à la ligne de côte.
3.2 Les marées
Les marées sont des variations globales du niveau des
océans provoquées par l'attraction de la lune et du
soleil. Comme la Terre tourne, l'eau des océans entre en
oscillation selon une période généralement
voisine de 12 heures (marées semi-diurnes) . Un cycle de marée
comprend une marée haute et une marée basse.
L'amplitude moyenne à l'échelle du globe est de 0,50 m
mais ellet varie grandement selon les lieux sous l'action de la force
de Coriolis, la forme et la profondeur du corps d'eau, la forme des
côtes; elle dépasse 15 m en Baie de Fundy (Canada). Ces
paramètres agissent également sur la période de
la résonnance du corps d'eau: localement, cette période
est proche de 24 heures (marées diurnes du Golfe du Mexique).
Dans un même lieu, l'amplitude de la marée varie au
cours d'un mois lunaire (28 jours), en fonction de la position
respective de la lune et du soleil. Quand la lune et le soleil
ajoutent leur attraction (pleine lune et nouvelle lune), l'amplitude
des marée est grande: ce sont les marées de vive eau.
Quand les attractions se contrarient (premier et dernier quartier),
l'amplitude est faible: ce sont les marées de morte eau.
L'amplitude de la marée, ou marnage, est évaluée
à l'aide du coefficient de marée qui varie de 20 à
120. Sur la côte picarde, les marées de fort coefficient
(vive eau) ont une amplitude qui peut atteindre 10 mètres
environ, celles de faible coefficient (morte eau) ne dépassent
pas 4 mètres. Il y a deux périodes de vive eau et deux
de morte eau en 28 jours, durée du mois lunaire.
Dans
une mer, les ondes de marées partent et divergent d'un ou
plusieurs points fixes, les points amphidromiques.
4. LA CIRCULATION OCEANIQUE
Les forces qui déplacent les eaux des océans sont d'origine astronomique: attraction universelle, radiations solaires, rotation de la Terre. A coté des courants provoqués par l'oscillation des marées (courants tidaux) qui sont surtout ressentis près des côtes, et dont la cause est l'attraction de la lune et du soleil, existent les déplacements de masses d'eau considérables à l'échelle de la planète qui constituent les grands courants océaniques.
Figure 12: principaux courants océaniques de
surface (d'après DUXBURY in DEGENS).
Ces courants sont produits directement ou indirectement par
la différence du bilan radiatif solaire à la surface du
globe. Les radiations solaires générent des vents qui
peuvent entraîner la surface de l'eau par friction; le
réchauffement ou le refroidissement de la masse d'eau,
l'évaporation ou les précipitations changent la
température et la salinité de l'eau et provoquent des
changements de densité et donc des déplacements
verticaux. Ces mouvements sont fortement influencés par la
force géostrophique (déviation de Coriolis). Sous
l'action des vents, les courants de surface tournent dans le
sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord
et à l'opposé dans l'hémisphère sud.
Figure 13 : principe de circulation océanique de
surface.
La circulation océanique peut être subdivisée en deux composants: la circulation de surface et la circulation profonde.
Les courants de surface sont induits principalement par la circulation atmosphérique. Les grands vents zonaux, vents d'ouest et alizés en particulier, déterminent sous l'action de la force de Coriolis de larges systèmes circulaires centrés approximativement à 30° N et 30° S. Ces courants circulaires tournent dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord, et en sens inverse dans l'Atlantique Sud, le Pacifique Sud et l'Océan Indien. La rotation de la Terre déplace ces systèmes vers la bordure ouest des océans: les courants y sont les plus forts (par exemple le Gulf Stream est plus puissant que le courant des Canaries) et transportent des eaux chaudes, transférant ainsi la chaleur des zones équatoriales vers les pôles.
L'action du vent sur la surface de l'eau est transmise aux couches d'eau plus profondes avec diminution progressive de la vitesse du courant induit. Mais, du fait de l'action de la force de Coriolis, la déviation vers la droite ou la gauche , selon l'hémisphère, est de plus en plus sensible jusqu'à ce que les couches profondes se déplacent en sens inverse de celles de la surface: c'est la spirale d'Ekman qui se poursuit à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Le déplacement moyen de l'eau est à 90° à droite du vent.
Sous l'action des vents, les courants de surface tournent dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord et à l'opposé dans l'hémisphère sud. La déviation due à la force de Coriolis produit l'accumulation de l'eau à l'intérieur des circuits; la hauteur peut atteindre 30 cm. Cette surcharge entraîne un bombement de la surface, donc une différence de pression et le déplacement de l'eau en surface et sa descente en profondeur. Sous vents cycloniques, c'est une dépression qui apparaît au centre du circuit et les eaux profondes remontent ("pompage d' Ekman").
Figure 14: la "spirale d'Ekman": le courant de surface est à 45° et le déplacement moyen de l'eau est à 90° à droite du vent dans l'hémisphère nord.
La vitesse des courants océaniques atteint plusieurs noeuds à la surface; avec l'action des vagues, ils provoquent le brassage de l'eau superficielle: on estime que la zone photique est entièrement brassée en 50 ans. En profondeur, ces courants sont beaucoup plus lents: les eaux profondes ont un période de renouvellement de 500 ans.
Les courants de densité, provoqués par les
variations de température et de salinité, sont les
principaux agents de mélange des eaux océaniques. En
coupe, l'océan comporte 3 couches :
(1) une couche
superficielle bien mélangée sous l'action du vent,
d'une centaine de mètres d'épaisseur;
(2) une zone
montrant un gradient décroissant de température, la
thermocline, qui agit comme une couche stratifiée stable
limitant les transfert d'eau dans le sens vertical;
(3) au delà
de 1000 m de profondeur environ, une masse d'eau profonde ayant une
température et une salinité plus uniforme.
Plusieurs masses d'eau profonde ont été identifiées en fonction de leur température et leur salinité. Les eaux de fond de l'Antarctique(AABW) , à 0,5 °C et 34,7 pour mille de salinité, s'écoulent le long de la pente antarctique depuis la mer de Weddell jusqu'à l'équateur. Dans l'hémisphère nord, les mers de Norvège et du Groenland fournissent les eaux profondes nord-atlantiques (NADW) à 2°C et 34,95 pour mille de sels.
Figure 15: Principe de la circulation en surface et en
profondeur dans l'Atlantique:
NADW:
North Atlantic Deep Water; AABW : Antartic Bottom Water
Ces masses d'eau profondes acquièrent leurs caractères en surface suite à l'évaporation, les précipitations et l'arrivée d'eaux douces continentales, la congélation de l'eau de mer. L'installation d'une banquise produit le même effet que l'évaporation (augmentation de la salinité et de la densité de l'eau non gelée qui s'enfonce).
Figure 16 : Densité de l'eau de mer en fonction de sa température et sa salinité.
L'ensemble des eaux océaniques se déplace
lentement sur le globe en un cycle dont la durée est estimée
à un millier d'années: c'est la circulation
thermohaline. Les eaux chaudes se déplacent en surface, elles
se refroidissent dans les hautes latitudes et s'enfoncent en
profondeur où elles suivent le trajet inverse. L'écoulement
des eaux froides et profondes dans l'Atlantique Nord est évalué
à 15 Millions de m3/s.
Figure 17: principe de la circulation thermo-haline.
Les courants de surface
rassemblent les eaux en des points de convergence où elles se
mélangent et s'enfoncent en fonction de leur densité.
Localement, des eaux profondes remontent à la surface (courant
d'upwelling) sous l'effet de la venue de nouvelles masses d'eau
froide qui s'enfoncent et de l'action de la force de Coriolis
qui dévient les courants longeant les côtes ouest vers
le large. Les eaux s'accumulent ainsi vers l'Ouest, le déficit
à l'Est est comblé par la remontée des eaux
profondes, même sous l'équateur. Dans ce circuit le rôle
joué par les eaux polaires froides est fondamental pour la
vie: ce sont elles qui apportent l'oxygène en profondeur. On
comprend qu'un réchauffement climatique puisse entraîner
l'arrêt de cette circulation profonde, la stratification des
eaux et l'anoxie (par exemple l'évènement anoxique du
Crétacé s'est traduit par une mortalité en masse
et le dépôt de sédiments noirs réduits,
les black shales).